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2015, Année Gustave Roud

Le Conseil d’Etat vaudois a proclamé 2015 « Année Gustave Roud ». Sous ce label, un riche programme de manifestations et de publications met à l’honneur le poète et donne une portée nouvelle à son œuvre photographique. Le vernissage et la première exposition ont lieu cette semaine.

 

La décision politique de proclamer 2015 « année Gustave Roud » vient couronner une collaboration fructueuse entre différentes institutions culturelles, initiée à l’occasion du cinquantième anniversaire du Centre de recherches sur les Lettres romandes de l’Université de Lausanne.

De multiples facettes de l’œuvre et de la vie de Roud sont à découvrir au gré d’événements dont la presse se fait déjà l’écho (Le Temps, 05.05, 09.05 ; 24 Heures, 06.05). Son parcours poétique sera éclairé par un ensemble de manuscrits et de photographies présenté lors de l’exposition « Gustave Roud, Le monde des signes et l’univers des choses », proposée par la Fondation Jan Michalski à Montricher. Le rôle actif de l’écrivain dans le milieu littéraire romand sera aussi mis en valeur par l’édition de sa correspondance avec C.-F. Ramuz (Cahier Gustave Roud n° 16) et par une deuxième exposition consacrée à l’ensemble de ses échanges épistolaires à la Bibliothèque cantonale universitaire de Lausanne à l’automne.

Mais l’Année Gustave Roud est surtout l’occasion de mettre en perspective la figure de l’homme de Lettres — maniant la plume en tant que poète, commentateur ou traducteur — et l’intérêt pour l’image de Gustave Roud, non seulement en tant que critique (on connaît ses contributions à la revue Aujourd’hui) mais aussi en tant que photographe. Car dès l’adolescence, Roud a été un photographe passionné, suivant au plus près les innovations technologiques de son temps. Scènes rituelles de la vie rurale, portraits, autoportraits, paysages ou encore natures mortes, ce sont plus de 13.000 clichés qui ont été légués.

Il importait de soumettre cette partie de l’œuvre de Roud au regard des historiens de l’art et de la considérer autrement que comme un éclairage biographique ou une illustration de sa poésie. C’est aujourd’hui chose faite grâce à l’édition (en octobre) de Gustave Roud, la plume et regard chez Infolio, qui publiera également Chez Gustave Roud, une demeure en poésie – avec des photographies de Philippe Pache. Deux expositions mettront en contraste l’œuvre photographique de Roud avec des toiles de peintres. Celles de René Auberjonois, de Steven-Paul Robert et de Gérard de Palézieux au Musée d’Art de Pully, sous le titre « Gustave Roud, des traces éparses du paradis », et celles d’Eugène Burnand, dans le musée consacré au peintre dans la ville de Moudon. Par ailleurs, deux cents photographies, souvent inédites, viennent d’être publiées sur le site de l’Association des amis de Gustave Roud : www.gustave-roud.ch, qui a fait peau neuve notamment pour rendre plus évident le dialogue fécond — et parfois la rivalité — qui existe entre les différentes pratiques de l’artiste. Images et présentations critiques invitent ainsi les internautes à cerner la tension entre l’esthétique spirituelle de la poésie roudienne et ses portraits de laboureurs, moissonneurs ou bûcherons, qui célèbrent le corps profane en livrant au regard les muscles saillants d’hommes à demi-dénudés. Images du désir, en tous les cas images fortes, toujours actuelles, ces photographies commencent à bénéficier d’une reconnaissance qui pourrait donner à Gustave Roud le statut d’un écrivain-photographe d’envergure européenne.

Laure-Adrienne Rochat