Comment les poètes suisses romands perçoivent-ils le travail de leurs pairs? À partir de septembre 2021, poesieromande.ch offrira quelques réponses. Durant 16 mois, des recensions littéraires et des traductions inédites se déploieront sur le site. Le but? Valoriser les auteurs et leurs liens au sein d’un même milieu poétique. Un projet soutenu par la Fondation Michalski et porté par l’association Lyrical Valley.
Une réponse à une question, mais aussi à un manque
Si le projet «L’un par l’autre» présente les lectures de poésie par des auteurs romands, il le fait en raison de deux constats. Pour commencer, les recensions de recueils restent peu valorisées dans les médias. Depuis les années 2000, les actualités poétiques ont en effet moins de place dans la presse généraliste. Pourtant, le bouillonnement de ce milieu, lui, ne s’est jamais arrêté. Les nouveautés liées à ce genre se retrouvent principalement dans des revues spécialisées, à intervalles de publication plus longs, sans tenir forcément compte des fluctuations et nouveautés éditoriales en poésie. Ensuite, les traductions de poèmes sont souvent menées par des professionnels et contribuent à la mise en valeur d’un texte original, accessible dans une autre langue. Entre effacement et création, les traducteurs sont soumis à diverses tensions.
Des poètes-critiques, des poètes-traducteurs
Face à cette situation, l’association Lyrical Valley proposera dès septembre 2021 des comptes rendus sur les publications récentes de Suisse romande et des traductions sous un format innovant, accessibles gratuitement. À la manière de Poezibao en France, elle met un point d’honneur à ce que les relations, par la lecture et la traduction, soient intensifiées entre les auteurs d’un même milieu poétique. Comment ces lecteurs avisés parlent-ils les uns des autres? Plus que des recensions descriptives ou des traductions non commentées, des contributions créatives constitueront le projet «L’un par l’autre». Avec la saveur et l’expérience propres à chaque écrivain, ces productions mettront en avant un contact particulier, une appropriation ou une observation d’autres poésies.
Un choix libre
Pour ce faire, les écrivains seront complètement libres: les recensions n’auront pour seule contrainte que leur format (5.500 signes maximum) et la date de sortie du recueil choisi. La critique traitera d’un ouvrage paru au plus tard huit mois avant la publication de la contribution. En ce qui concerne les traductions, les poètes pourront sélectionner un poème qu’ils jugent essentiel.
L’auteur au centre
En plus de la traduction, la contribution contiendra un commentaire sur les étapes de cette adaptation. Le projet entend donc, avec une publication régulière dans un nouvel espace poétique en ligne, valoriser le rapport du traducteur au poète sur lequel il travaille. Les auteurs envisagés, pour la plupart eux-mêmes poètes, donneront leur souffle particulier au poème. En outre, ce projet créatif sera véritablement le témoin des allers et retours, des doutes, des affirmations, des goûts et choix de poètes-traducteurs romands. De même pour les recensions, qui attesteront en plus du rapport singulier d’un poète à un autre.
Des plumes confirmées
Et ces poètes, qui sont-ils? Figures de proue, jeunes auteurs, artisans acharnés, toutes les plumes seront confirmées, si ce n’est aiguisées: le projet sera aussi bien animé par Pierre Voélin que Vincent Barras ou encore Mathilde Vischer. Pour découvrir les auteurs, rendez-vous dès le 13 septembre sur poesieromande.ch.
Sandra Willhalm
Le site de la Fondation Jan Michalski : ici.