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Poésie aux éditions La Veilleuse: entretien avec Arthur Billerey

Morgane Heine: Ce printemps 2024, vous avez inauguré la collection Le verre ardent avec la publication de trois œuvres poétiques. Quelles sont les valeurs qui guident vos choix éditoriaux?  

Arthur Billerey: Les raisons à notre choix sont multiples, mais la principale, c’est que nous ne pouvions passer à côté d’une collection dédiée à la poésie, car elle représente ce qu’on tente de défendre globalement avec notre ligne éditoriale: une façon originale d’écrire le monde. Histoire de ne pas faire les choses à moitié, il faut dire qu’en plus d’être éditeur, je suis poète.

De son côté, Florence Robins est une grande lectrice d’écrits pour la parole contemporains (Audre Lorde, Kae Tempest, Warsan Shire) et nourrit également une passion pour la poésie plus classique notamment l’œuvre de Marina Tsvetaeva.

M. H.: Quelle est l’importance pour vous de créer aujourd’hui une collection dédiée à la poésie?  

A. B.: La poésie est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, autant pour apaiser les conflits que pour les dénoncer, autant pour entendre autre chose qu’une langue figée dans la soudure du discours médiatique que pour déployer un lexique différent. La polysémie, la curiosité et la métaphore sont des alliés précieux pour améliorer le monde et le rendre plus humain.

Les ouvrages nouvellement publiés dans la collection regroupent Hippocampe d’Eva Marzi, Le Vent vous embrasse mais jamais ne reste d’Alexandre Lecoutre et une traduction de Je ne vis pas dans un jardin de roses, une anthologie bilingue en espagnol-français de Maria Mercedes Carranza, traduit par Alexandre Lecoutre.

M. H.: Quelles spécificités de ces œuvres vous ont amenés à les choisir pour débuter cette collection?  

A. B.: En plus des aspects réfléchis, il y a aussi les affinités. La rencontre est au cœur de notre métier. Florence Robins ayant accompagné Alexandre Lecoultre dans l’écriture de son roman Peter und so weiter, et moi, Eva Marzi pour son premier recueil Nuit scribe, nous voulions naturellement poursuivre ces collaborations et cet accompagnement au sein des éditions La Veilleuse. C’est merveilleux de pouvoir assister de si près aux multiples facettes de la création poétique.

M. H.: Quelle place souhaitez-vous accorder à la traduction dans votre maison d’édition? 

A. B.: Débuter notre collection avec l’immense poétesse d’Amérique latine María Mercedes Carranza Je ne vis pas dans un jardin de roses, anthologie traduite par Alexandre Lecoultre, c’est aussi montrer que la traduction en poésie a une place importante dans notre démarche éditoriale, car abaisser les frontières ou créer des ponts entre les pays et les langues est un de nos souhaits profonds. Il nous tient aussi à cœur de rendre accessible en français les textes non traduits des autres régions linguistiques de Suisse.

M. H.: Finalement, y a-t-il déjà de nouvelles œuvres poétiques à paraître prochainement?  

A. B.: Ce novembre, nous publierons Père, ouvre la porte, une traduction inédite en roumain-français de plusieurs poèmes d’Alexandru Vakulovski, traduit par Linda Maria Baros, qui fait aussi partie de notre comité de lecture.

En janvier 2024, nous publierons la traduction par Anita Roschedi de La casa vuota de Yari Bernasconi, ouvrage qui avait obtenu le Prix suisse de littérature en 2022. Une œuvre incontournable de la poésie contemporaine de langue italienne.

Deux premiers recueils viendront enrichir notre collection durant le premier semestre 2025, l’un de Benoit D’Afrique et l’autre de Vincent Annen, dans des styles différents et qui apporteront, par leur audace, une lecture différente de ce qui se fait aujourd’hui sur la scène poétique francophone.

Enfin, nous réfléchirons au développement, avec le poète et rappeur AbSTRAL compost, d’une nouvelle collection dédiée à l’oralité et à la scène, autrement dit à une collection dédiée au spoken word.

Propos recueillis par Morgane Heine.