« La poésie, triple expérience, touche au cœur, aux tripes, à l’espérance. Ajoutons-y, quatrième et capitaine des mousquetaires, l’expérimentation vocale. »
Auteur de plus d’une dizaine de livres, Patrice Duret, né en 1965 à Genève, est aussi bibliothécaire et éditeur ; il a fondé en 2004 la maison d’édition Le Miel de l’Ours qui publie aussi bien des poètes jeunes et prometteurs que des grands noms comme Jacques Chessex ou George Haldas. Lauréat du prix Edouard Rod et du prix Pittard pour Le Chevreuil (Zoé, 2004), Patrice Duret mène une œuvre qui explore les potentialités de la langue tantôt en vers libres, tantôt en vers réguliers. On l’aura compris, pour l’auteur de Joueur de pives et de Pixel Corazòn (Samizdat, 2014), la poésie a quelque chose à voir avec le jeu. Non pas un jeu gratuit, mais un jeu où l’on « joue pour de vrai ».
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Première contribution: 4 septembre 2017
DÉBUSQUER
notes & rêverie
Patrice Duret
juillet 2017
1.
Comment se renouveler? Ne pas, ne plus se contenter des sentiments galvaudés, des thèmes ou concepts usés qui enlisent, ankylosent la poésie. Il ne suffit plus d’aligner trois fleurs, deux tourments, un vol de perdrix, une chose vue, un petit déjeuner sur l’herbe – sauf si l’herbe est orange, moulinée par les temps atomiques. L’herbe et l’oiseau tendres au pays des mots, oui, mais adaptés aux temps présents, aux nouvelles pratiques. La poésie, triple expérience, touche au cœur, aux tripes, à l’espérance. Ajoutons-y, quatrième et capitaine des mousquetaires, l’expérimentation vocale. On conserve les cochons de la ferme, la mécanique de la betterave et le cœur des troncs d’arbres. On y ajoute les tickets de métro, les glaces du Pôle, et le grésillement des néons.
On renouvelle, on s’adapte – mais sans omettre, sans détruire la filiation.
D’où la difficulté.
2.
Avant tout, un constat. Dans la pratique du poème, en Suisse romande, il y a un point commun à tous, lourd de conséquences sur les générations qui viennent : le nombril douloureux. Je peux en parler : je m’y suis vautré. Il ne nous reste plus qu’une chose à faire : sortir de la torpeur, quitter les volutes envahissantes, celles qui empêchent d’avancer. Le syndrome du couvercle? Au-dessus de nos têtes, ce couvercle cache le soleil de l’élan. Décryptons. Pour avancer, il faut d’abord symboliquement tuer le/les pères. Je ne veux pas faire leur procès – Di-u m’en préserve. Juste interroger quelques aspects « empêcheurs ». Au premier plan : l’immobilité. « Je suis immobile au centre d’un paysage éternellement pareil à lui-même » (Roud). L’immobilité pétrifie. J’en reste comme encombré. L’observation calme d’un paysage est peut-être l’apanage du poète, mais parfois elle étouffe l’élan.
La douloureuse solitude érigée « en système » peut freiner les tentatives d’émancipation.
Peut-on sortir de l’introspection plaintive, s’ouvrir à une poésie plus allègre ?
Au diable la douleur si elle ne contient, en son sein, la possibilité d’une métamorphose.
De cet abandon à son tourment solitaire, le poète livre une poésie pas toujours propre à féconder, à permettre l’émergence de nouvelles pousses. Je veux dire : des pousses vraiment nouvelles, avec un langage vraiment nouveau.
Id est sortir de l’amorphe et de l’auto-apitoiement.
Ma patte est excessive? Elle griffe?
Pour sortir de l’ornière, la terre ne doit-elle pas gicler?
3.
Et l’humour dans la poésie romande? Le burlesque, le comique, le potache? Doit-on répondre « feuille blanche »? Pourquoi dada n’a-t-il pas fait mouche dans nos contrées? Se prendrait-on trop au sérieux sous nos (faux) modestes cieux? (rime).
4.
On est passé par toutes les ères : classiques, symbolistes, romantiques, dadaïstes, surréalistes, structuralistes et consorts, puis par tous les « post ». On a assimilé ces modes de pensées, ces modes d’écriture. Ne reste plus qu’à en inventer la synthèse. Tout à la fois.
Je sais : la méthode nyaka.
D’où la bouillonnante, la captivante interrogation. Le fébrile espoir.
5.
De quoi parle-t-on? De la voix, naturellement. D’abord et avant tout, de la voix. De ce matériau vocal à la base de toute écriture, portée avec un grain ou un « souffle » propre à chacun. Dans le lyrisme actuel, il y a un clivage « entre un sens positif (le sublime, le chant) et un sens péjoratif (le pathos) »[1]. Être du côté du chant, oui. Un chant atténué, mais enthousiaste. Ecrire des poèmes destinés à être lus en public, en lecture horizontale : lecture longue, dans un seul souffle – saccadé, rythmé, presque bruyant ou alors calme, doux, presque dansant.
Sans oublier les poèmes destinés au silence, au recueillement, à la méditation.
Ceux qui ne sont pas faits pour être lus en public.
La guerre des chapelles? La guerre des « talents »? La base de tout c’est l’élan. Ce qui est porteur d’élan. Cet enthousiasme premier à la source de tout poème.
Feu sacré ou feu laïque. Feu de syllabes et de sons.
6.
Que se passe-t-il quand, volontairement, on se déconcentre? La poésie, la pratique de la poésie, agit comme une expérience de déconcentration maximum. Là où on ne maîtrise pas, là où on laisse venir… ce qui doit venir. Sans chercher (dans un premier temps) à le maîtriser. En prolongement des expériences surréalistes, état proche de l’auto-hypnose. Quand j’ai commencé à écrire La langue soufflée[2], je me trouvais dans un petit bois, près de Boëge (Haute-Savoie). Un rythme, une lancinance intérieure m’a envahi, que j’ai tenté de traduire, en mots, en vers, dans un petit carnet. J’ai laissé les mots m’envahir, descendre en moi. Longues tirades désordonnées, pas de freins, pas de censure, etc. Bien sûr, j’ai repris ensuite ce matériau brut, lui ai donné forme – tout en cherchant à conserver cette sorte de liesse chantée. Ces images musicalisées. Quelque chose, une langue, à la fois héritée, (donc) des Surréalistes (le travail sur l’inconscient) mais aussi des poètes de la Beat Generation (le flux des images). Là où la voix devient : se révèle – ou ne se révèle pas.
7.
Le résultat, pour faire court, s’apparente à un « boyau abstrait ». De la poésie abstraite? Evolution naturelle, comme dans le domaine de la peinture? Poésie et peinture, même destin?
J’ajouterai (puisqu’il convient de toujours ajouter une couche à ce qui nous précède), que « l’abstrait », à mon sens, n’est pas un but en soi. La « poésie concrète », qui s’en approche, m’intéresse, mais ce n’est pas mon propos. Dans l’idéal (par définition inatteignable), j’aimerais mêler le clair et le mystère (figuratif et non-sens, gratuité du jeu et engagement, etc.). Je m’avance (en terrain découvert). Car c’est bien beau de dire jouer et s’engager! Belle gageure. Ou belle bataille intérieure…
(à suivre)
[1] Jean-Michel Maulpoix, La poésie a mauvais genre, J. Corti, p. 53.
[2] La langue soufflée de l’animal, L’Arbre à Paroles, 2017.
Deuxième contribution: 2 octobre 2017
DÉBUSQUER
notes & rêverie
Patrice Duret
septembre 2017
8.
Je disais précédemment : « Comment se renouveler ? »
Comment, dans un pays où l’énergie peut être « capturée », voire annihilée, trouver une force en soi qui permette de maintenir sa ligne, ses lignes ? Si par hasard les forces contraires, en soi, pagaient au sud et au nord – pour faire court, l’une « dada » et l’autre plus « abyssale » – alors là on est « mal ». Je veux dire : on est mal vu. Positivons : l’air du temps n’offrirait-il pas, justement, la possibilité d’explorer des chemins différents ? Internet nous pousse à nous disperser – ou à creuser dans toutes les directions (ce qui est un peu pareil). Creuser plusieurs sillons. Au petit déjeuner une tasse de thé, à dix heures un pas de danse, à 13h un petit plongeon, à 16 heures le portrait photo de tante Zia. Tous les bouillons, toutes les natures. Se juguler ou s’ouvrir ? Se frustrer ou s’épanouir ? Souvent la question est ailleurs : autour de la même terre, autour du même sillon (Comment approfondir ?).
Mais primo, il est intéressant (nécessaire) de pouvoir se contredire.
9.
Je reviens à « la langue soufflée de l’animal ». Cette publication m’a poussé dans une voie plutôt étrange. Déjà que l’écriture de poèmes nous pousse à la marge. Ecrire de la poésie très abstraite (ou, à la fois abstraite et surréelle, avec une pointe de lyrisme pour couronner) conduit dans un secteur, disons, moins habité.
L’impression de me placer à la marge de la marge.
Et finir dans le rôle de celui qui se justifie, pour être, malgré tout, « dans le coup ».
et qui, malgré tout, s’éloigne de ses semblables…
Bref, en position de solitude.
Drôle de guêpier. J’en reste pantois.
Et voilà que, avec ces pages-ci, je joue les diaristes, les essayistes, voire les mémorialistes…
Dispersion avancée ?
Travail sur la liberté de création ?
La souplesse intérieure ?
10.
Transcender le nombril ?! Ce qui ne veut pas dire nier toute humanité. Mais plutôt faire ressortir l’humanité du poème en ayant d’abord gommé les facilité égocentriques, les tournures qui marquent trop frontalement, trop naïvement le petit moi de l’auteur. Comment faire, comment procéder ? Ce n’est bien sûr pas une question de méthode. Le cheminement (parcours du poème dans la tête, en soi) se ferait plutôt à notre insu.
Intuition, captation de ce qui survient, sans passer par la case cérébrale (qui refabrique le poème).
Que faire d’autre sinon tout lâcher, sans souci d’auto-censure ?
Le qu’en-dira-t-on intérieur est très fort : il faut d’abord l’abattre.
Cette entreprise de captation (de restitution de ce qui pré-existerait) demande à la fois une grande concentration et une grande déconcentration. Quand le trajet du poème finit sa course sur la feuille/l’écran, vient le moment de la traque. Traque de la formule galvaudée, traque du cliché. L’élan est insuffisant, le travail, le travail…
Jaccottet dit « Quelque chose m’a émerveillé, il n’y a pas d’autre mot, bien que l’usage ait tellement affaibli celui-ci ».
Traque du mot affaibli par l’usage.
Pourtant la recherche du mot « plus que juste » a (inévitablement) ses limites.
Faut-il toujours inventer ? Laissons faire les choses. Tout en sachant que les mots puissants (« magie », « merveille »..) ont une charge difficilement renouvelable.
Bien que ce soit là, justement, que commence le travail de l’écrivain : renouveler.
Débusquer l’évidence, chercher le renouvellement : la base du « métier ».
11.
Ecrire des notes sur la poésie n’est pas écrire de la poésie. C’est, à l’inverse, se réapproprier un peu l’espace rationnel – pour mieux s’en éloigner à nouveau au « moment du poème ».. Le poème, ce moment abstrait. J’insiste sur cette notion d’ « abstrait ». Quand les images qui se déposent subrepticement dans le poème semblent, non seulement ne rien vouloir dire, n’avoir aucune signification, collision d’images paradoxales, mais entrent de plain-pied dans le domaine de l’absurde, du délire. Plus que « surréalistes » ou « surréelles », ces images, comme des taches sur des toiles abstraites (justement) entrent en collision.
Cette part m’intéresse. J’ai bien l’impression, même, que la tradition poétique romande aurait PEUR de l’abstrait. Comme s’il fallait revenir, coûte que coûte (et le plus tôt sera le mieux !) à ce qui demeure « compréhensible ».
Peur du non-maîtrisé ? De la part de folie ? Peur de son ombre ?
Gardons la tête (un peu) froide. Observons.
12.
Les poètes d’ici (arpenteurs contraints par la Reine Raison ?) craignent-ils de s’abandonner à l’instinct, l’instinct joueur, dénicheur d’autres mondes ?
Peur des néologismes bizarres ?
Craignent-ils l’infâme ? Le trop-plein d’images ?
Les vocables rouges ?
Craignent-ils de laisser surgir ce je ne sais quoi qui viendrait des tripes, de l’inconscient ?
En a-t-on déjà fini avec l’exploration de l’inconscient (de l’inconscient sonore)?
Sans doute que « tripes » et « inconscient » ne recouvrent pas la même chose.
On verra plus tard.
Pour l’instant, il s’agit de faire place nette, de bien nettoyer avant de pouvoir transformer.
Le balai avant la métamorphose.
J’insiste : je ne crois pas qu’on puisse mettre de côté son intuition primordiale, quand on couche un poème sur papier.
J’aime sentir le parfum tripal, quand je lis un poème.
Permettre moult carambolages, non seulement de mots, mais de syllabes et de sons.
Permettre à notre instinct chasseur de vocables de s’épanouir (une méthode ?).
(à suivre )
Troisième contribution: 10 novembre 2017
DÉBUSQUER
notes & rêverie
Patrice Duret
novembre 2017
13.
Question : quelle est l’intentionnalité (réelle, poétique, mystique) du langage ?
La phrase s’arc-boute, symbolique, parabolique, sonore. Sans le son, pas de langue.
On dit parfois « Je n’aime pas sa voix ». Terrible négation.
Le son de sa voix nous dérange ? Plus d’échanges.
L’oreille devenue plus que distraite, n’entendra/n’écoutera plus.
La voix, les son, parabole de l’échange possible. Ou impossible. Si j’aime sa voix, alors peu importe le contenu, on gobera tout ce qu’elle profère, cette voix. Voix du lien possible. Mystérieuse « parole d’évangile » cachée dans la voix. Orges fertiles.
Etre compris ? Etre entendu ?
Bains de sésames au royaume des mots. Bain d’outrance, ferme, empathique.
Bain lumineux, nuit d’encens. Quotidien perfectible.
Je joue, tire sur la cible, décoche la lettre.
Discipline. Jour après jour. Lettres après lettres.
Page quotidienne, vaillamment, ô combien.
Critères d’Orphée, critère de scribe.
14.
Dans la rue, sur le trottoir, le premier marron d’avant l’automne. Baby marron.
Pluie qui goutte aux entournures. Titre dérisoire du journal : Un rien rend la danseuse heureuse. Au tea-room des bords du chantier, rideau, trax arrêté, afflux d’eau dans les flaques, flottement incessant des signes d’eau. Flaques respirent.
L’éloquence, parole individuelle, prise de position brute, conscience aux petits soins. Je remonte le courant, respire au large. J’obtempère.
Parole bue au large des discours.
Si tu jettes tes mots dans la bataille, tie-break au cinquième set.
Si tu enfonces le clou, tu enfonces le clown.
15.
« A la marge de la marge » (voir rubrique n°9). Spirale. Revenir là-dessus… J’y vais un peu fort… La visibilité obtenue grâce au Miel de l’Ours me permet, au contraire (m’a permis jusque-là), d’acquérir quelques belles vitrines. J’en profite pour remercier les libraires (mentions particulières au Rameau d’Or, au Panasse et à Nouvelles Pages), les différentes associations (Tulalu ?!, etc.), différents lieux (Bains des Pâquis, etc.) qui nous ont accueillis ces dernières années. Et tous les acteurs, poètes et autres conquérants.
16.
Le « balai avant la métamorphose » (voir rubrique n° 12).. La métamorphose, je m’y attèle. Une page par jour, quoi qu’il advienne.
Je me lance : écrire une Fresque tonale.
Peut-être bien la définition de ce nouveau chantier.
Une longue coulée.
Langue-saccade, langue-cascade.
17.
Boulimie: à nouveau je plonge dans le bouillon de la rentrée, les pages, les pages, je m’empiffre, m’escogriffe, m’attarde au rayon des cœurs suspendus, j’avale du Gary (romain) en compagnie de Piekielny. NO PLASTIC IN WATER, pubent-ils. N’y jetons rien, dans l’eau sacrée, à part nos corps, petits corps nudifiés, dans le Grand Gange. Ecrire sur la quincaillerie du monde (et celle de mon oncle, bien réelle, à la Jonction). Ecrire sur les années d’avant, rafistoles, tournevis, tenailles, rabots, clous souverains. Souvenirs de mon nonno, ses bretelles, son marteau (drapeau rouge familial : bretelles & marteau), rafistolant le toit de la maison jaune, à la rue de la Chapelle au Grand-Lancy : plus de rue, plus de chapelle, mots excavés, passé bouillonnant, neuronal. Sauvegarder les expériences et les sensations en les enveloppant dans de l’art, ô cochonnailles. Bitume des rues sans biture (et parfois : déconfiture).
(à suivre )
Quatrième contribution: 8 janvier 2018
DÉBUSQUER
notes & rêverie
Patrice Duret
décembre 2017
18.
Polyphonie, labeur et pisse-copie.
J’en passe par tous les stades, toutes les saintes, bénéfiques et noires couleurs. Le col de Joux, la Tramontane. Les défilés alpins, les poux, les ours polaires et les mélanzanes. Flux tendu au rayon des commissures, des lessives pas faites.
Routes enneigées, routes ensablées.
Caleçons dans le tambour et puis : soleil!
Toute chose rivalise d’importance. Nibali vince e fa lo squalo. J’imagine les ors et les organes, les hourras, les hooligans, les vapeurs — tant de vapeurs.
19.
Lexicalité labourée.
Déposer délicatement quelques rameaux, soubassements, rhizomes. Interpénétration des données, omniprésence des liens. Frontières, encore. Mélange des couleurs, armature gouache, bien parti pour résister.
A quoi ?
Aux intempéries.
20.
L’image ronde, précise.
Jacques Dupin tel qu’en lui-même, cet après-midi de mars 2010,
campe en majesté rocheuse sur l’estrade de la Maison de Saint-Gervais.
Sommes venus comme l’on vient au culte – ô Genferei.
Et quelque chose se passe.
Caillou stentor, douceur rocaille, il débute la lecture de quelques vers.
Et soudain l’écoute. Je veux dire, une véritable écoute.
Grotte, on pénètre dans sa voix.
21.
Hameau d’enfance.
Appartient aux chanceux. Qui l’ont vécue habitée d’ombres jolies.
Des joies envolées, remisées sur le tapis.
En soulève un pan : Soulève un peu qu’on voit la mer!
Vois la poussière, rose poussière.
Les araignes et les farfadets.
22.
Dans l’humus des jours, âpre alliage de cendres et de sèves, au loin de toute attache, je mêle l’immédiat de l’eau au lointain du ciel.
Rolf Doppenberg, in Crue de fond
Réorganisation des mots.
Je passe mon permis de vocalises. Parle aux rochers. Éloge du monde caché, chartreux. J’insuffle et quémande. Prière inatteignable. Tout ce qu’on ne dit. Ce qu’on n’ose même pas ressentir. Etirement des lignes. Fracas-sud et permission, ordre de tir, derniers fusibles. Quid de l’étrange, je passe outre.
23.
Suçote le sens et malaxe.
Tremble, vite, bouscule, apostrophe, jette, tache, grogne, promène, magnifie, salsifie, falsifie, extasie, épuise, cloche, talon, fenêtre, aiguille, tige, flip, merles, tulipe, différence, confidence, résidence, fusain, collagène, plonge, brille, presque pas, jaune, désordre, huile, grimace, vésicule, sac de bile, merci, mercy, flotte, boule, gronde, humeur, boude, triste, blanc, crèpe, cèpe, façonne, lèche, mordille, chosifie, magie, étale, positionne, surveille, emprisonne, déblaye, expose, explose, chair, flotche, flesh, ferme, fine, flotte, flatche, frelon.
Si douce la transcendance.
Frein.